Tout savoir sur la colocation intergénérationnelle

La colocation intergénérationnelle est une démarche solidaire : en contrepartie de petits services ponctuels et non lucratifs (faire les courses, un peu de ménage, de bricolage, etc.) ou d’un loyer modeste, une personne senior ou sa famille met à disposition d’un jeune une chambre disponible au sein du logement.

La cohabitation intergénérationnelle repose sur un cadre légal bien défini. Pour pouvoir en bénéficier, certaines conditions d’âge, de logement et de surface minimale doivent être respectées par les deux parties. Ces critères garantissent une cohabitation équilibrée, conforme à la loi et favorable à une entraide mutuelle.

Les conditions d’éligibilité d’une cohabitation intergénérationnelle sont les suivantes :

• La personne qui propose la chambre doit avoir 60 ans ou plus et être propriétaire ou locataire de son domicile. S’il est locataire, il devra simplement en avertir son propriétaire, mais n’a pas besoin de son autorisation. En effet, le propriétaire ne peut s’y opposer (ce qui n’est pas le cas pour une sous-location classique) ;
• Le jeune locataire doit avoir moins de 30 ans. Ainsi sont exclues les personnes ayant 30 ans révolus ;
• Comme il s’agit d’une cohabitation, le loueur et le locataire doivent habiter sous le même toit ;
• Le domicile peut être un logement privé ou un logement social (HLM) ;
• La chambre mise à disposition doit faire au minimum 9m².

La colocation intergénérationnelle, ou logement partagé solidaire, est un accord gagnant-gagnant. D’une part, le loueur (personne âgée ou famille) peut bénéficier d’un complément de revenu et d'une aide à domicile ponctuelle. D'autre part, le jeune (souvent étudiant) peut bénéficier d’un logement en échange d'une contrepartie financière modeste.

Ce point n’est pas négligeable, surtout lorsqu’on cherche une location dans une grande ville, dont les loyers peuvent être exorbitants ! Le plus ? Avec ce type de loyer avantageux, il est possible d’habiter dans un quartier huppé de la ville, voire dans une maison avec jardin ou un appartement spacieux.

Outre l’aspect financier et pratique, la cohabitation intergénérationnelle permet d’éviter l’isolement des personnes âgées ou des étudiants se retrouvant seuls dans une ville qu’ils ne connaissent pas. Ils pourront tous deux échanger et créer un lien social.

Ce type de colocation permet de retarder l’entrée en maison de retraite des personnes âgées et maintient leur autonomie. Enfin, c’est un moyen de rassurer les familles, aussi bien celle du loueur, que celle du locataire.

Le principal inconvénient de la colocation intergénérationnelle est bien évidemment la compatibilité entre les deux personnes. C’est là toute la difficulté de ce genre de cohabitation : les deux parties doivent donc être compréhensives, aimer partager, mais accorder de l’importance à l'indépendance de l’autre.

Le profil recherché pour l’étudiant est quelqu’un de calme et patient. Il devra probablement accepter de ne pas faire de fêtes en semaine. Il faut qu’il ait le sens du service rendu et doit avoir envie de s’impliquer dans le quotidien de la personne âgée ou de la famille.

En revanche, le locataire ne doit en aucun cas remplacer le personnel soignant qui viendrait quotidiennement chez la personne âgée. Les services rendus doivent être ponctuels !

Pour toutes ces raisons, il est indispensable de fixer des règles ensemble au début de la cohabitation afin d’éviter tout abus.

Choisir une colocation intergénérationnelle n’est pas sans risque. C’est la rencontre de deux générations, pouvant s’avérer très enrichissante, tout comme catastrophique, si le profil de l’un, comme de l’autre, n’est pas adapté. En effet, nous ne sommes pas tous faits pour la colocation !

Pour trouver une colocation intergénérationnelle dans votre région, il est possible (et même recommandé) de passer par une association locale. Sa mission est de mettre en relation les jeunes et seniors susceptibles d’être compatibles. De plus, ces associations assurent un suivi et donnent un cadre légal à la cohabitation.

Les demandeurs sont sélectionnés et doivent prendre connaissance de leurs devoirs et libertés. Ceux-ci sont précisés dans une charte.

Ces associations sont regroupées dans le réseau Cohabilis ou au sein de la Fédération Ensemble 2 Générations. Vous pouvez aussi vous rendre sur le site Famidac, qui recense des offres de cohabitation intergénérationnelle.

La cohabitation intergénérationnelle engendre l'établissement d'un contrat particulier, que l’on appelle aussi charte, qui devra être signée par les deux parties. Ainsi, dans cette charte, la personne senior et le jeune pourront librement définir la durée du bail, ainsi que le montant du loyer en cas d’absence de services rendus.

Celle-ci est encadrée par la loi Elan (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) publiée le 24 novembre 2018 au Journal officiel.

Si un loyer intervient, celui-ci peut varier selon qu’il s’agisse d’un logement du parc privé ou un logement du parc public :

• Logement du parc privé : selon la loi, le loyer peut être fixé librement (tout comme la durée du contrat). En revanche, il doit impérativement rester modeste. D’ailleurs la loi l'illustre bien en en employant le terme “contrepartie financière”, au lieu de “loyer”. Il ne s’agit donc pas d'une démarche à but lucratif, mais plutôt d’un complément ;
• Logement du parc social : il s’agit des HLM. Ici, le montant se calcule au prorata de la surface sous-louée par rapport au loyer principal charges comprises.

En plus de ce loyer, il pourra être convenu que le jeune réalise quelques menus services. Attention, il ne doit en aucun cas y avoir de lien de subordination entre les deux parties.

La charte a aussi pour vocation de définir les principes et valeurs à respecter par chacun. Ce peut être, par exemple, des notions comme le dialogue, l’attention mutuelle, la discrétion, la tolérance, le respect de l’autre et ses biens personnels ou encore le civisme.

Vous trouverez par ailleurs des engagements relatifs au logement, comme :

• Les critères de décence ;
• Le règlement des charges ;
• L’usage paisible des lieux ;
• L’entretien des pièces partagées (cuisine, salle de bain, chambre, salon, salle à manger…).

Enfin, doit être mentionnée la marche à suivre en cas de mésentente entre les parties.

Dans le cadre d'une colocation intergénérationnelle, l’hébergeur doit souscrire une assurance habitation, qu’il soit copropriétaire ou locataire. Il est préférable de déclarer sa cohabitation à sa compagnie d’assurance. Le jeune hébergé n’a pas l'obligation de souscrire un contrat d’assurance, car il sera couvert par celui de l’hébergeur.

En revanche, il reste fortement recommandé de souscrire une assurance responsabilité civile. Si vous êtes hébergé et que vous avez des objets de valeur, n’hésitez pas à prendre également une assurance habitation de votre côté pour être certain d’être bien assuré.